Nouveau monde.

Je t' aime si simplement,
si facilement que c' est en toute
désinvolture que j' ai quitté
le monde. Tant de choses
m' étaient offertes qui voulaient
me posséder. On me parlait
de l' âpreté du vent dans mes 
cheveux de bataille, des nuées obscures 
du désir, les gens avertis faisaient briller
à mes yeux les trésors pétrifiés
de la culture. Les aveugles voulaient
m'apprendre à voir, et les muets à chanter.
Moi, je te regardais, et je t' aimais.
Ce que l' on cherche, on le trouve 
souvent près de soi. J' ai oublié
depuis longtemps ce que veut dire 
le monde, ses clameurs et son brouhaha,
et même les splendeurs secrètes de 
l' esprit qui sont censées y nicher, 
comme des idoles mortes.
Je te regarde, et je t' aime. 
Voilà mon nouveau monde,
mon nouveau monde heureux.


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