Le voleur de titres.

Moi je me promène
dans les librairies,
les mains dans 
les poches,
en claudiquant
et en bégayant.
Je ne cherche rien,
j' attends que les
titres viennent à moi.
Les livres ne sont
rien de plus 
qu' un titre, et,
à lire ce dernier,
on a déjà lu
l' ouvrage en entier.
Du moins, c'est
le sentiment que 
j'en ai.
De temps en temps,
par curiosité, 
j' en ouvre un.
A l' intérieur, 
il n'y a
que des mots
qui ont besoin
d' autres mots,
ceux du livre,
pour exister. 
L' autre jour,
une jeune libraire
a remarqué
mon manège,
et, au beau milieu
des allées
de l' établissement,
la mine sévère,
m' a enjoint de
payer sur le
champ les titres 
que je venais de
voler. Je l' ai
poussée sans 
ménagement
et elle s' est
écroulée, 
en hurlant,
sur la Littérature
Régionale. 
Je me suis 
enfui, en hurlant,
et en volant,
au passage, 
un dernier titre
qui traînait,
misérable et
splendide,
dans le bac 
des un euro
cinquante : 
"420 minutes
dans la Cité
des ombres",
de Gilbert Lascault.
Encore tout excité
par mon exploit, 
j' ai éclaté de rire
tout en courant
dans la Rue
des Poulpes 
Revolver. 
Puis j'ai
tourné, en
riant
toujours,
sur le Boulevard
des Fantômes à
Barbe Verte.







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