Je prends.

J' y prends les cristaux les soleils l' agathe, 
et la rue qui pointe dangereusement vers son aval comme pour y prendre son envol,
nous montrant l' endroit dont nous venons, et j' y prends la neige et son battement de ventre rond,
et j' y prends la délicate couronne de nos
nuits passés dans ton creux, ma chérie,
les douces circonvolutions de nos épouvantes repoussées de cuir et de lymphe. 
Quoi d' autre que tout, dans
ces mains et ces yeux qui balancent,
ce qui est offert se montre. Je prends.
J' y prends la mer dans son écume,
pour battre la roche pendant
des nuits entières, comme des tapis,
j'y prends ton corps et sa sculpture
qui louvoie, chargée des encens
de la renaissance après le feu,
quoi d' autre que ta peau carnivore, 
flonflons battus pendant des heures, 
j' y prends ce qui se montre, ce
qui veut bien se montrer et s' offrir,
j' y prends ce que tu me donnes,
dans l' heure, dans le béni de la
chair et des lumières non flétries. 

Au calvaire des idées reçues et de
la cécité, je prends le reste, une peau
de chagrin, ce qui peut se glaner ici
et là, au creux du chemin, au creux
de ma route. Je prends ce qui vient.

Commentaires

Articles les plus consultés