Sirène Cheval.


Chante, chante sirène du ventre, et danse à l’accordéon de corde et de vent.
Nulle part le vent ne souffle plus fort que dans les naseaux et les mufles des navires.
Le voyage se fera pour les petits singes excentriques et fruités qui ont fait leur fierté
de cette île perdue, au milieu du sang. De petits singes à vendre, à l’autre bout du monde,
dans d’autres cabines de paquebot, sous d’autres chinchillas et renards argentés.
Le cheval et le poisson, la loutre et le singe – qu’est-ce qui est plus affolant que leur  course
au milieu des arbres et du feu, quand la nuit a propulsé ses mille bras recouverts d’écailles
à l’autre bout du continent ? Seule la musique peut taire cet infernal moment, celui où les cymbales
du meurtre décrochent la lune d’un coup d’épaule entendu, faisant gicler des gerbes d’étincelles
vers le vert repos de nos rêves, sous le sable. Je suis âne et cheval, lotus recroquevillé,
densité échevelée des crustacés, je m’enfouis dans les montagnes et trotte dans les déserts,
je nage dans les eaux tourbillonnantes et glisse sur les roches froides des cascades et des collines,
je tranche la forêt de mes outils et rapporte le bois d’antan vers la maison de mon enfance,
puis je glisse, repu et content, sur le courant ensoleillé qui mène toute vie à son début, sans oublier de saluer le cheval et l’âne, l’ours et le koala, le poisson, le lièvre, le guépard, le singe et la loutre. Car je ne suis guère différent d’eux – je suis ce qu’ils cherchent, ils sont ce que je trouve.

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